Technique du Portrait à l’huile d’après photographie, alla prima.
Julien, Huile, 20 x 16 po.
Ce portrait de Julien a été peint alla prima en 2 journées consécutives.
Pour ce genre de portrait en buste j’étale presque toujours mon travail sur deux jours. Connaissant mes capacités, je sais que la somme de travail est trop importante pour être réalisée en une seule journée.
Peindre avec un médium résineux implique des règles incontournables. Ce qui a été peint une journée ne peut en aucun cas être retouché le lendemain sous peine de provoquer des embus (le temps d’attente moyen à respecter entre les reprises est de deux semaines).
C’est pourquoi je dois à l’avance diviser mon travail en deux zones bien distinctes et procéder systématiquement en résistant à la tentation de déborder. Ce processus implique une solide préparation avant même d’appliquer le premier coup de pinceau. Il faut bien visualiser son travail dans le temps et avoir bien étudié la gamme de valeurs et de couleurs qui seront nécessaires.
Si cette discipline vous rebute, la technique en demi pâte française n’est pas pour vous. Et je crois que c’est ce qui explique que très peu d’artistes l’explorent.
TECHNIQUE (Peindre d’après photographie*) :
Le premier jour, je me suis concentré sur la partie la plus important de l’œuvre; le visage. Mon objectif étant de peindre alla prima et sachant que je ne pourrai revenir sur le même segment le lendemain, je dois donner ma pleine mesure car le résultat sera final. J’ai donc consacré environ 12 heures à peaufiner le rendu.
Le deuxième jour, avec une énergie nouvelle, J’ai pu compléter l’œuvre en 6 heures.
Temps de réalisation total : 18 heures. Incluant bien sûr des pauses pour manger, faire la sieste et quelques autres nécessités…
LA PALETTE – gamme de départ :
À partir des couleurs de base, j’ai préparé à l’avance une gamme appropriée pour peindre toute l’œuvre, autant pour la chair, le vêtement et le fond, en m’assurant de préparer une quantité suffisante de chaque couleur selon la surface à couvrir.
La gamme consiste à préparer à l’avance et avec justesse les couleurs qui permettront de peindre en ombres et lumières tous les volumes et ce dans un dégradé de valeurs chromatiques le plus progressif possible.
Bien sûr, il faudra rajuster la gamme en cours de réalisation et composer biens des petites teintes complémentaires. Mais la préparation de la gamme permet de concevoir une cohérence pour l’ensemble de l’œuvre et de concentrer mon énergie à peindre au lieu de chercher mes couleurs en cours de travail.
LE TRAVAIL :
Jour 1 :
Tout d’abord, en utilisant un carton, j’ai transféré le dessin sur le support en prenant toutes les précautions pour composer correctement.
Ensuite, j’ai confirmé le dessin à l’aide d’un rouge oxyde de valeur moyenne, et commencé à appliquer les couleurs que j’ai préparées, sur chaque zone appropriée, des ombres à la lumière. L’objectif est de couvrir la surface en environ 1 ½ heure.
Ensuite, j’ai passé toute la journée à affiner le rendu, refaire chaque parties plusieurs fois, en profitant de la plasticité progressive du medium, qui permet même des glacis dans le frais après quelques heures. J’ai porté une attention toute particulière à construire les transitions entre le sujet et l’arrière-plan, le tissu et les cheveux pour contrôler la précision ou la douceur des transitions.
A la fin de la journée, j’ai agrandi un peu la transition autour du sujet pour être sûr que le lendemain, j’allais pouvoir être en mesure de poursuivre le travail dans le frais en évitant les embus.
Jour 2 :
Très important, j’ai commencé par l’élargissement de la transition préparée la veille en fin de séance. Il est urgent d’agir avant que cette partie ne devienne trop prise.
Ensuite, j’ai eu toute la journée pour compléter le tableau.